Artisanat vs emploi salarié : pourquoi de plus en plus de jeunes choisissent l’indépendance au Bénin

Introduction : l’emploi salarié n’est plus l’unique horizon

Il fut un temps où décrocher un emploi salarié, dans la fonction publique ou dans une entreprise, était perçu comme le graal pour un jeune béninois. Un poste stable, un salaire régulier, des congés, un avenir prévisible.
Mais en 2025, cette vision change. De plus en plus de jeunes se tournent vers l’artisanat, l’entrepreneuriat ou l’auto-emploi — non par défaut, mais par choix. Pourquoi ? Parce que l’artisanat leur offre une liberté, une autonomie et un potentiel de croissance que l’emploi salarié peine à garantir dans le contexte béninois actuel.

Au cœur de ce phénomène : les défis du marché du travail — l’inadéquation des profils, le manque d’opportunités dans le secteur formel — mais aussi l’attrait grandissant pour les métiers manuels, créatifs, et la possibilité de se bâtir une identité professionnelle forte.

Dans cet article, je vais analyser :

1. Le contexte de l’emploi salarié au Bénin et ses limites pour les jeunes.
2. Pourquoi l’artisanat séduit de plus en plus les jeunes béninois : avantages, réussites, témoignages.
3. Comment les jeunes peuvent accéder à l’artisanat : formation, accompagnement, stratégies.
4. Quelques mises en garde et conseils pour réussir l’indépendance.
5. Une conclusion sur ce que cela signifie pour l’avenir de l’emploi et de l’artisanat au Bénin.

1. Le contexte de l’emploi salarié au Bénin : défis et contraintes

L’emploi salarié ne répond plus aux attentes des jeunes

Au Bénin, le marché du travail formel absorbe moins que ce que la jeunesse espère. Le président Patrice Talon lui-même l’a reconnu lors d’une rencontre sur l’emploi des jeunes : « les perspectives professionnelles restent limitées pour une jeunesse qui constitue la majorité de la population béninoise. » Agence Ecofin
De même, l’Agence nationale pour l’emploi (ANPE) note l’inadéquation entre les profils formés et les besoins de l’économie. La Nation Bénin+1

Quelques chiffres marquants

• Entre 2019 et 2022, le nombre d’entreprises [créées par des jeunes de 18 à 30 ans] plus que triplié (+212 %). Etrade For All
• Le secteur de l’artisanat, selon le Institut national de la statistique et de l’analyse économique (INSAE), regroupe 51,2 % des entreprises et 12 % de la population active. FNM+1

Pourquoi cela pousse à l’auto-emploi

• La rareté de l’emploi salarié : Les jeunes diplômés ou non diplômés constatent qu’il n’y a pas assez de postes dans le secteur formel pour tous.
• La précarité de l’emploi : Beaucoup d’emplois sont informels, mal rémunérés, sans garanties. Economia24+1
• La recherche d’autonomie : Le salariat donne une routine, mais peu de marge de manœuvre. L’artisanat ou l’auto-emploi permet de créer son horraire, son image, ses revenus.
• Le désir de créer de la valeur : Plutôt que rester une “ressource” au sein d’une entreprise, le jeune veut être “acteur” de son activité.

2. Pourquoi l’artisanat attire de plus en plus de jeunes béninois

L’artisanat comme alternative crédible

L’artisanat offre une voie d’indépendance. Au Bénin, les jeunes qui ne trouvent pas emploi salarié peuvent se tourner vers un métier manuel, artisanal ou créatif — souvent avec peu d’investissement initial. Plusieurs programmes publics le reconnaissent : par exemple, le programme Azôli vise à accompagner 25 000 jeunes vers l’emploi salarié et autant vers l’auto-emploi. LE MATINAL+1

Les avantages

• Liberté et contrôle : Un artisan peut décider ses heures, ses clients, ses produits.
• Potentiel de croissance : Un jeune mécanicien, couturière, menuisier, ou décorateur peut rapidement développer un micro-entreprise, embaucher, diversifier ses services.
• Visibilité digitale possible : Même sans passage par une grande entreprise, le jeune peut se faire connaître via les réseaux sociaux, plateformes artisanales, etc.
• Réponse à un besoin local : Souvent, il existe un manque de prestataires qualifiés dans les métiers artisanaux, ce qui crée une opportunité.
• Réduction des barrières à l’entrée : Pour beaucoup, le métier ne requiert pas un diplôme universitaire, mais de la formation pratique, de la passion et de la discipline.

Témoignages inspirants

• Un jeune entrepreneur agricole (mais l’esprit est parallèle à l’artisanat) déclaré : « Le projet n’a pas formé que des gens. Il nous a donné le virus de l’entreprenariat. » UNDP
• Une étude montre qu’en 2023, près de 23 % des artisans béninois ont moins de cinq ans d’existence — preuve que ce n’est plus seulement “hériter un métier”, mais “le créer”. FNM+1

Le rôle de l’artisanat dans l’insertion des jeunes

L’artisanat est clairement identifié comme un levier de l’emploi pour les jeunes :

• Le programme Azôli prévoit un volet « auto-emploi » pour les jeunes sans qualification. LE MATINAL
• L’ANPE propose des dispositifs d’accompagnement (subventions, formation, crédit) pour les jeunes qui souhaitent lancer une activité. ANPE BENIN

3. Comment se lancer dans l’artisanat quand on est jeune au Bénin

Étape 1 : identifier un métier qui vous passionne et qui répond à une demande

Choisir un métier artisanal ne suffit pas : il faut que ce métier corresponde à un besoin local ou régional (coiffure, menuiserie, couture, mécanique, transformation alimentaire…). Les études montrent les branches les plus visibles : métaux & constructions métalliques, textile/habillement, agro-alimentaire. FNM+1

Étape 2 : se former

Même pour un artisan indépendant, la formation est essentielle. Les organisations comme la Chambre des Métiers et de l’Artisanat du Bénin (CMA-Bénin) organisent des formations et accompagnements pour les jeunes artisans. CPCCAF
Le gouvernement lance aussi des programmes d’insertion professionnelles pour les jeunes dans des secteurs artisanaux. LE MATINAL+1

Étape 3 : formaliser son activité et structurer

Même s’il est possible de commencer de façon informelle, de plus en plus d’artisans formalisent leur activité (enregistrement, carte professionnelle, statut) pour accéder à des aides, au crédit, et gagner en crédibilité. Le recensement des artisans porte le nombre à plus de 450 000. La Nation Bénin

Étape 4 : utiliser le digital et le marketing

Un jeune artisan doit désormais penser au digital : créer un profil sur les réseaux sociaux, publier des réalisations, être inscrit sur des plateformes artisanales, recueillir des avis clients. Cela permet de se faire connaître davantage que par le simple bouche-à-oreille.

Étape 5 : accéder aux financements et développer l’activité

Même si l’investissement initial peut être modeste, il existe des obstacles financiers : accès au crédit, coût des outils. Une étude note que “j’entrepreneurs, dont une grande part d’artisans, se trouvent confrontés à un manque de crédit pour démarrer ou développer leur activité”. Le Journal de NOTRE EPOQUE
Il convient donc d’explorer : micro-finance, subventions, programmes de démarrage jeunesse (ANPE, PRODIJ). ANPE BENIN+1

4. Avantages et limites de l’artisanat par rapport au salarié

Avantages

• Autonomie et flexibilité.
• Possibilité de créer son propre avenir.
• Croissance potentielle (vous pouvez embaucher, diversifier).
• Satisfaction personnelle : on voit le fruit de son travail, on est en charge de son destin.
• Moins de dépendance à une entreprise ou un employeur.

Limites et défis

• Revenus incertains, surtout au démarrage.
• Charges, gestion, comptabilité à prendre en charge (ce que l’employé salarié n’a pas toujours).
• Absence parfois de filet de sécurité (pas toujours de congés, de protections).
• Besoin de discipline, d’auto-motivation et de formation continue.
• L’accès au financement et la gestion du marketing sont des obstacles.

Comparaison résumé

5. Ce que cela signifie pour l’avenir de l’emploi au Bénin

L’augmentation des jeunes qui choisissent l’artisanat et l’auto-emploi modifie le paysage économique béninois :

• Le tissu entrepreneurial jeune se densifie : +212 % de créations d’entreprises par des jeunes entre 2019 et 2022. Etrade For All
• Le secteur de l’artisanat devient un acteur clé de l’insertion professionnelle des jeunes.
• Le rôle des institutions (CMA, ANPE, Fonds de développement de l’artisanat) se renforce pour structurer ce mouvement.
• Le modèle de “travail salarié à vie” laisse peu à peu la place à “création d’activité” comme choix légitime.

Pour le Bénin, c’est une excellente nouvelle : une jeunesse qui ose, crée, imagine. Mais c’est aussi un défi : ces jeunes doivent être accompagnés, formés, financés, et intégrés dans une économie plus large.

Conclusion : l’indépendance comme nouveau pari des jeunes artisans béninois

En 2025, choisir l’artisanat plutôt qu’un emploi salarié n’est plus un “plan B”, c’est souvent un plan A pour de nombreux jeunes béninois :

• Ils veulent l’autonomie plutôt que la routine.
• Ils veulent créer leur identité professionnelle.
• Ils voient dans les métiers artisanaux un terrain de créativité, de liberté et de potentiel économique.

Cependant, ce pari n’est pas sans défis : discipline, formation, gestion, financement et marketing restent essentiels.
Mais avec les bons outils, l’accompagnement adéquat et une vision claire, l’artisanat peut devenir une voie d’excellence pour la jeunesse béninoise.

L’avenir du travail au Bénin pourrait donc être façonné par cette génération d’artisans-entrepreneurs : bâtisseurs, créateurs, autonomes. Et c’est une perspective enthousiasmante.